Entretien avec Jacques Rolland, premier Adjoint, délégué à l’Urbanisme, Environnement et Sécurité à la mairie de Saint-Vulbas

17 févr. 2025
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Considéré comme un village au regard de ses 1 500 habitants sur 2 144 hectares, Saint-Vulbas est néanmoins reconnu pour son parc industriel de la Plaine de l’Ain, qui regroupe de nombreuses entreprises. Aujourd’hui pourtant, les demandes de permis de construire pour des activités logistiques sont systématiquement refusées. Échange avec Jacques Rolland, premier adjoint à la mairie de Saint-Vulbas délégué à l’Urbanisme, Environnement et Sécurité, qui nous explique pourquoi.

Jacquesrolland Web

Comment décrire Saint-Vulbas ?

Jacques Rolland : Saint-Vulbas est une commune atypique du fait de son organisation territoriale. Ses 1 500 habitants répartis sur 2 144 hectares, la catégorise comme commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité définie par l’Insee en 2022. Il s’agit donc d’un village, mais que l’on gère presque comme une ville, car même si un tiers de la commune est en zone agricole, exploitée par 5 grosses fermes, nous avons également la centrale nucléaire du Bugey (voir photo avec la chapelle de Marcilleux) et, surtout, le parc industriel de la Plaine de l’Ain, qui s’étale sur 300 hectares, avec 185 entreprises et qui représente plus de 8 000 emplois. Il a été créé dans les années 1970 et ne cesse de s’étendre depuis.

Pour quelles raisons vous acceptez ou non l’installation d’une activité industrielle et/ou logistique ?

Jacques Rolland : Ce qui se remarque sur le parc de la plaine de l’Ain, c’est justement qu’on ne le remarque pas ! À part certains nouveaux bâtiments, autour desquels la végétation n’a pas encore poussé, on peut passer devant et ne rien voir. Les couleurs des constructions sont imposées et la qualité paysagère doit être travaillée pour que le dossier soit accepté. Beaucoup des entreprises déjà présentes sont en train de doubler leur surface. Mais sinon, aujourd’hui, le syndicat mixte du parc, composé de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de la communauté de communes de la plaine de l’Ain, du département de lAin et de la Métropole de Lyon, refuse tous les dossiers d’activités purement logistiques qui nous sont présentés, car nous voulons nous tourner vers l’industrie pure. En effet, en logistique, les emplois créés ne sont pas assez qualifiés, comparés aux nuisances engendrées par les flux de camions. Nous pouvons de toute façon constater que ces entreprises de la logistique installées sur le parc peinent désormais à recruter dans la région : 800 offres d’emploi restent sans réponse, car le niveau assez bas des rémunérations ainsi que le manque d’infrastructures de mobilité, malgré les solutions de covoiturage déjà en place, n’encouragent pas les candidats…

Que faudrait-il pour que ces entreprises soient mieux acceptées ?

Jacques Rolland : Outre le niveau de qualification des emplois que nous aimerions voir s’améliorer, (une classe spécialisée dans les métiers de la logistique vient d’ailleurs de s’ouvrir au lycée d’Ambérieu-en-Bugey), il est nécessaire de développer les solutions de mobilité supplémentaires et alternatives pour les personnes comme pour les marchandises. Le syndicat mixte envisage, par exemple, la remise en activité d’une voie de chemin de fer, avec un raccordement des entreprises du parc. Cela permettrait de réduire le nombre de camions sur les routes. Pour les personnes, des horaires décalés permettent de réduire la congestion du trafic en heures de pointe mais, a contrario, cela ne facilite pas la mise en place de transports mutualisés. La responsabilité est donc partagée.

Toutefois, quelles sont les qualités du parc qui font que vous ne regrettez pas d’avoir accepté les demandes de projet ?

Jacques Rolland : La qualité paysagère respectée par les entreprises du parc est indéniable. Certaines ont, de plus, décidé de faire venir des moutons pour l’entretien des pelouses alentour, et de mettre en place des ruches. Des pistes cyclables ont également été construites, venant de partout dans la communauté de communes. Le parc est ainsi également devenu un lieu de balade pour tous. D’autre part, les taxes versées par les entreprises participent au financement de la construction de nouveaux logements en locatif, venant compléter la mise en vente par la commune de Saint-Vulbas de terrains pour l’accès à la propriété de nouveaux habitants, et ainsi répondre à l’offre d’emploi du parc, qui devrait augmenter bientôt avec la construction des nouveaux réacteurs EPR 2 sur le site de la centrale nucléaire du Bugey.

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