La logistique, essentielle pour Les Alchimistes
Chaque année, cette entreprise solidaire d’utilité sociale collecte 25 000 tonnes de déchets alimentaires auprès de professionnels et de particuliers. Triés et valorisés sur les 10 plateformes des Alchimistes, ces déchets sont transformés en compost et utilisés pour enrichir les sols.
Créée en 2016, l’entreprise solidaire et d’utilité sociale (ESUS) Les Alchimistes est spécialisée dans la collecte et la valorisation des déchets alimentaires. Sa date de naissance correspond à la promulgation d’un article de loi du code de l’environnement imposant aux professionnels qui produisent plus de 10 tonnes de biodéchets par an de les trier à la source. Depuis le 1er janvier 2024, cette obligation, introduite par la loi AGEC (Loi Anti-gaspillage pour une Économie Circulaire), concerne tout le monde, dès le premier kilo de biodéchets produit : particuliers, entreprises et collectivités, doivent désormais mettre en place le tri à la source avec une solution de valorisation associée prévue. Selon l’Ademe, 28,4 millions de tonnes de biodéchets (déchets verts et déchets alimentaires) sont produits chaque année en France, professionnels et ménages confondus. Mais une fois distingués des autres déchets, que deviennent-ils ? Deux filières de valorisation existent aujourd’hui : le compostage, pour un retour au sol, et la méthanisation, pour une valorisation énergétique.
25 000 tonnes de déchets alimentaires collectées chaque année
Présents sur une vingtaine de territoires en France, Les Alchimistes, soit 300 personnes en parcours de réinsertion, viennent collecter les déchets alimentaires chez près de 5 000 restaurateurs, GMS, Ephad, cantines, épiceries, etc. Les 25 000 tonnes ainsi collectées chaque année sont ensuite acheminées sur une de leurs 10 plateformes de réception*. Les bacs récoltés par la cinquantaine de véhicules, de 3,5 à 19 tonnes, y sont pesés et répartis selon leur qualité, c’est à dire selon la quantité d’éléments non-alimentaires retrouvés dans chaque bac. « Une fois débarrassés de ces éléments, les déchets sont massifiés, broyés et mélangés avec des déchets verts, explique Flore Desal, directrice réseau de Les Alchimistes. Nous compostons 700 tonnes d’entre eux sur nos plateformes, limite imposée par la réglementation. Nous les stockons pendant 3 mois durant le processus de maturation ». Les autres tonnes de déchets que Les Alchimistes ne peuvent pas prendre en charge, seront compostés chez des partenaires, qui leur renverront une fois le processus achevé. « Nous revendons ensuite ce compost à des agriculteurs, maraîchers, viticulteurs, paysagistes et particuliers... ». Seulement 10 % des collectes des Alchimistes iront dans un circuit de méthanisation.
Développer le lien social
La gestion des déchets alimentaires est complexes car ils se dégradent rapidement. Il faut donc plus de collectes que pour les autres déchets et beaucoup de réactivité. « Métier de volume pour rentabiliser les véhicules et les sites, nous optimisons nos tournées avec des outils externes comme Optiflow de PTV et internes pour la planification ou encore la géolocalisation des camions, que nous mettons à disposition de tous Les Alchimistes. Cela nous permet de calculer le nombre de kilomètres parcourus, le nombre de collectes, vérifier que tout se passe bien pour chacune d’entre elles même quand les conditions sont particulières ». En tant qu’ESUS, l’entreprise a pour obligation de contribuer au développement du lien social, et de partager la valeur de manière juste, en limitant les écarts de salaires en son sein. Les Alchimistes travaillent ainsi en collaboration avec des structures d’insertion, permettant à des personnes éloignées de l’emploi (sorties de prison, en situation de handicap, issus de quartiers sensibles…) de trouver une place dans un collectif « porteur de sens, dans des conditions satisfaisantes et épanouissantes », assure Flore Deal qui rappelle également que « Les Alchimistes sont élus Impact 40 et font donc partie des 40 entreprises françaises mêlant le mieux résultats économiques, sociaux et environnementaux ». Dans certaines régions, Les Alchimistes proposent de récupérer les déchets alimentaires à vélo, grâce à des « cyclo collecteurs » et des partenaires locaux de cyclologistique, pour une gestion des déchets encore plus durable.
Ambitions pour 2030
Les Alchimistes ambitionnent par ailleurs d’augmenter le volume de déchets alimentaires collectés et également de se diversifier vers d’autres types de biodéchets comme les couches compostables ou les huiles usagées. « Notre objectif pour 2030 est aussi de créer 1 000 emplois supplémentaires et de sensibiliser près de 7 millions de personnes pour que la société évolue vers un modèle où trier et valoriser tous les déchets alimentaires serait la norme, annonce Flore Desal. Nous sensibilisons tous types de publics : citoyens, professionnels, collectivités, politiques, monde économique, enfants…, à travers des formations, des animations d’ateliers, nous invitons tout le monde à venir visiter nos plateformes, etc. ».
* Paris, Toulon, Marseille, Lille, Toulouse, Montpellier, Angers, Saint-Denis (La Réunion), le Havre, Caen, Rouen, Puget sur Argens (Nice), 2 à Lyon, Nantes, et Saint-Nazaire.