Quand la logistique urbaine rend service en limitant les nuisances
La logistique urbaine et la gestion du dernier kilomètre représentent aujourd’hui des enjeux économiques, écologiques et urbains majeurs. Pour s’adapter aux contraintes du manque de foncier en zone dense mais également limiter les nuisances qu’engendrent les activités d’entreposages et de livraison, des innovations en termes d’architecture ou d’insertion urbaine voient le jour. Reportage au cœur du 19e arrondissement de Paris dans le nouvel espace de distribution urbaine loué par Urb-it à SEGRO.
En empruntant l’allée végétalisée qui traverse le cœur du nouvel écoquartier de l’Îlot Fertile construit sur une ancienne friche industrielle dans le 19e arrondissement de Paris, impossible de se douter de la présence d’un entrepôt logistique de 1 000 m2 à quelques pas de là. Et pourtant, la start-up suédoise spécialiste de la cyclo-logistique Urb-it a installé son troisième site parisien en février dernier dans ce quartier zéro carbone, lauréat de la première édition de l’appel à projets urbains innovants Réinventer Paris. Projet initié en 2015 et livré en 2022 par Linkcity, il se caractérise par une programmation mixte et modulable qui a permis d’adapter le projet aux nouveaux usages apparus entre-temps. L’Îlot Fertile est composé de quatre bâtiments de 35 000 m2, alliant logements, bureaux, hôtellerie, centre sportif UCPA et un espace logistique, propriété de SEGRO, qui se démarque par sa discrétion.
Un entrepôt qui se fond dans le paysage urbain
La nouvelle base logistique d’Urb-it, la plus importante de la société en France en termes de flux et de dimensions avec 800 m² d’espaces de préparation logistique et 200 m² de bureaux et locaux sociaux, se fond, en effet, totalement dans le paysage du quartier. Comment ? En s’intégrant dans un bâtiment qui accueille, outre l’entrepôt, des bureaux. L’immeuble en question présente une façade donnant sur l’allée végétalisée et une autre sur les voies ferrées du RER E et des trains de la Gare de l’Est avec une petite cour intérieure. L’entrepôt s’est installé dans une partie du rez-de-chaussée côté voies de chemin de fer. Les camions qui viennent déposer les colis et les vélos électriques bi ou triporteurs qui acheminent ensuite les paquets vers leur destination finale empruntent un tunnel (capable d’accueillir véhicules allant jusqu’à 19 tonnes) qui relie la cour intérieure à l’avenue d’Aubervilliers. Ainsi, l’entrepôt et son activité ne sont pas visibles depuis le cœur de l’îlot et les bâtiments qui composent le quartier. « L’entrepôt est très bien isolé, confirme Édouard Ancel, directeur City Logistics chez SEGRO. Tous les riverains ne sont pas au courant qu’il y a un entrepôt en bas de chez eux. » Preuve de l’intégration réussie de la base logistique dans le tissu urbain.
Une solution pour limiter les nuisances sonores et les sources de pollution de la logistique urbaine
L’insertion de cet entrepôt dans le quartier ne réside pas seulement dans son emplacement discret mais également dans sa volonté de réduire les désagréments que les activités de transports et d’entreposage engendrent. En effet, la start-up suédoise a fait le choix de baser son modèle économique sur une livraison exclusivement à vélos électriques bi ou triporteurs dans un rayon de 8km autour de son site. « Nous avons simplement ressuscité le modèle du facteur sauf que nous ne livrons pas des lettres mais des colis avec des vélos adaptés » explique Stéphane Toutin, le directeur d’Urb-It France. Si SEGRO n’avait pas prévu initialement d’installer une entreprise de cyclo-logistique, Edouard Ancel se félicite de cette nouvelle orientation donnée au projet qui a tenu compte des nouveaux usages urbains : « Le recours aux mobilités douces permet de réduire les nuisances sonores aux abords de l’entrepôt. Nous n’avons ainsi aucun problème de cohabitation avec le voisinage ».
L’utilisation du vélo permet également de ne pas dégrader la qualité de l’air du quartier. « Nos vélos e-cargo réduisent les émissions de gaz de plus de 90 % par rapport aux camionnettes traditionnelles, et de plus de 30 % par rapport aux camionnettes électriques », souligne Stéphane Toutin. Mais les intérêts de ce mode de livraison vertueux ne s’arrêtent pas seulement à la préservation du cadre de vie de l’Îlot Fertile puisque la flotte de vélo cargo permet de réduire la congestion d’une ville déjà très dense. Enfin la proximité de l’entrepôt avec les grands axes routiers comme le boulevard périphérique, à seulement quelques centaines de mètres, évitent aux camions qui acheminent les colis à la base logistique de s’aventurer trop loin dans la capitale. Implantée à Paris, Lyon et Strasbourg, Urb-it entend rapidement s’installer dans d’autres grandes villes françaises pour continuer à développer une logistique urbaine décarbonée et respectueuse du cadre de vie des riverains de ses sites. Un positionnement plébiscité par ses clients.