Comment les nouvelles technologies révolutionnent les conditions de travail dans les entrepôts
La logistique pâtit parfois d’une image négative de ses conditions de travail mais le secteur se modernise et recourt désormais à des technologies de pointe pour améliorer le quotidien des salariés en luttant contre la pénibilité et en les soulageant des tâches à faible valeur ajoutée. Enquête sur ces solutions dans les entrepôts.
100 000. C’est le nombre de projets de recrutement recensés par Pôle emploi en 2021 dans le transport et l’entreposage, signe des difficultés de recrutement du secteur. « Pénibilité » et « caractère répétitif des tâches » sont souvent les premiers qualificatifs associés à ces métiers, une critique justifiée au regard de ce qu’ils pouvaient être il y a de ça quelques années. Depuis, le secteur s’est radicalement transformé pour réduire les risques d’accident, la pénibilité des tâches tout en améliorant la productivité.
Ces technologies qui améliorent les conditions de travail en entrepôt
Dans les entrepôts logistiques, les manutentions manuelles sont à l’origine de 50 % des accidents du travail, 75 % des cas d’inaptitude médicale et 100 % des maladies professionnelles reconnues, d’après une étude de l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité). Dès lors, remplacer les manutentions manuelles par des manutentions robotisées permet de réduire les risques de blessure voire d’incidents plus graves. De plus en plus d’entreprises du secteur, logisticiens comme acteurs de la grande distribution, font ainsi le pari de la robotisation. En témoigne le succès de la licorne française Exotec, spécialiste de la conception et fabrication de robots pour les chaînes logistiques. « Chez Exotec nous connaissons une croissance très forte, de l’ordre de +100 à +200 % chaque année » révèle Thomas Genestar, directeur général de l’entreprise pour l’Europe de l’Ouest.
Concrètement, à quoi ressemblent ces solutions ? « On parle de robots permettant d’aller chercher des bacs jusqu’à 12 mètres de haut, de stations permettant de faciliter la tâche des opérateurs pour la préparation des commandes, de bras automatisés, de logiciels de gestion de l’entrepôt » détaille Thomas Genestar. Implantée à Lille, l’entreprise Exotec exporte d’ailleurs ses savoir-faire en Europe, aux États-Unis, au Canada ainsi qu’au Japon.
· 10 à 15 km par jour : la distance parcourue par les préparateurs
· 1 à 10 tonnes par jour : le poids porté par les manutentionnaires
« L’automatisation et la robotisation permettent de soulager les tâches les plus pénibles des opérateurs. Leur rôle est davantage concentré sur la planification, la préparation et la vérification des commandes avec des produits qui leur arrivent à la bonne hauteur et dans de bonnes conditions - explique Thomas Genestar. Pour parvenir à des résultats optimums en matière de confort de travail, nous avons réalisé des travaux de recherche et développement avec des ergonomes notamment. » Mais quel sera l'impact de l'automatisation sur les salaires et l'emploi dans le secteur logistique ? La question se pose naturellement dès lors que l’on aborde la question des robots.
Plus de productivité mais pas moins d’emplois à la clé
Au début du XIXème déjà, l’économiste Ricardo envisageait que les machines puissent remplacer l'homme. Pour Etienne Webre, directeur du pôle développement d’EVOLIS, une organisation professionnelle des biens d’équipements et solutions industrielles, « les robots ne suppriment pas des emplois, ils créent des emplois plus qualifiés. » Dans une étude réalisée par EVOLIS en 2017 auprès d’une centaine de PME industrielles, 65 % des entreprises confiaient avoir recruté entre un et cinq salariés après l’intégration de la cellule robotique. En effet, les machines sont supervisées par des opérateurs en charge de leur programmation, des vérifications, de la maintenance… sans compter toutes les actions où l’homme est irremplaçable pour des commandes spécifiques et non-programmées dans le référentiel des robots.
« Les robots sont la plupart du temps installés dans entreprises qui font face à une forte croissance et où les opérateurs sont redéployés sur des tâches à plus forte valeur ajoutée » ajoute Thomas Genestar. La croissance du e-commerce a largement contribué à augmenter les besoins en matière de logistique mais ce n’est pas la seule raison selon Etienne Webre car « la volonté de rapprocher l’appareil productif de l’entrepôt logistique est très forte pour réduire les coûts de transport et d’immobilier. » Ces nouvelles technologies permettent d’ailleurs de créer des entrepôts plus denses en jouant sur la hauteur et une optimisation des surfaces mobilisées au sol grâce à des appareils qui opèrent non plus en 2D seulement mais en 3D.
Suppression des tâches les plus pénibles, amélioration de la productivité, valorisation des métiers de la logistique et optimisation des espaces : une nouvelle révolution industrielle semble bien en cours dans le secteur de la logistique grâce aux nouvelles technologies.