La logistique, essentielle pour Label-Emmaüs
Le e-commerce responsable est possible. La co-fondatrice et directrice générale de Label-Emmaus, Maud Sarda, entend en donner la preuve. Créée en 2016, la marketplace est un prolongement des bien connues boutiques Emmaus et véhicule les mêmes valeurs de solidarité, de circularité et d’insertion sociale.
Une centaine de milliers d’acheteurs, 4 millions d’euros de volume d’activité, une soixantaine de salariés, plus de 2,5 millions de produits au catalogue, et 150 000 colis expédiés en 2024. Voilà pour les chiffres. Mais le plus important, ce sont les valeurs promues. Label Emmaus n’est en effet pas un e-commerçant comme les autres. Créé en 2016, le site de vente en ligne est une extension logique des 550 boutiques solidaires Emmaüs présentes en France, que tout le monde connaît aujourd’hui. « Label Emmaüs est une entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS), explique Maud Sarda, co-fondatrice et directrice générale de Label-Emmaüs. Société coopérative d’intérêt collectif, nous accompagnons les personnes en insertion. Dans notre entrepôt de 1 800 m², situé à Noisy-le-Sec et accessible en transports en commun, 60 salariés s’occupent de collecter les surplus dans les boutiques d’Île-de-France, de l’enregistrement quotidien d’un millier de livres grâce à un outil développé en interne, de la vérification de leur état, du stockage des 350 000 livres que nous proposons à la vente, de la préparation de commande et de l’expédition, de préférence vers des points relais que nous encourageons notamment par notre politique de prix ». Mais Label Emmaüs, c’est aussi une marketplace pour toutes les boutiques faisant partie de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). « En plus des dons de produits de seconde main faits aux associations Emmaüs, 200 boutiques sont ainsi présentes sur notre site, dont les produits sont mis en ligne par nos soins », détaille Maud Sarda. L’idée soutenue par tous ceux qui font partie du réseau est qu’il est possible de donner, d’acheter responsable en choisissant des produits de seconde main et de faire vivre dans le même temps un projet solidaire.
Seconde main, seconde chance et responsabilité environnementale
Acteur de l’économie circulaire, levier de lutte contre les déchets et alternative à la société de consommation, la plate-forme e-commerce que l’on qualifie parfois « de la seconde chance » est donc pleinement dans l’air du temps. « Il est courant de penser que le e-commerce est par définition pire que que le commerce physique en terme environnemental, commente la directrice générale. Alors qu’il est possible de faire autrement, en mutualisant les livraisons dans des points relais, ou par exemple, comme c’est le cas des 80 % des marchands avec lesquels nous travaillons, on utilise la récupération pour l’emballage. Ou encore quand il faut artificialiser les sols pour installer de nouveaux entrepôts alors qu’il est possible de le faire sur des terrains déjà aménagés ». Pour Maud Sarda, s’il existe bien d’autres acteurs avec les mêmes moteurs d’action, ils sont trop petits pour concurrencer les géants du e-commerce et leurs méthodes.
Des pistes de croissance
En 2022, Label Emmaüs s’était doté d’un deuxième entrepôt, dans le Lot-et-Garonne. « L’idée était de pousser à une croissance de notre catalogue en ligne, se souvient Maud Sarda. Mais nous ne sommes pas assez nombreux dans le e-commerce solidaire pour réussir à rentabiliser ces bâtiments. Nous avons donc dû mettre fin à cette aventure récemment, pour nous concentrer sur notre entrepôt historique à Noisy-le-Sec, dont nous sommes les seuls locataires ». Cet entrepôt devient toutefois progressivement trop petit. « Une surface de 3 000 m² serait aujourd’hui plus adaptée, car nous voulons diversifier notre activité avec une offre BtoB, pour le secteur des arts de la table avec par exemple de la petite décoration de seconde main, avec un partenaire, Haworth, spécialisé dans le mobilier d’entreprise annonce Maud Sarda. Nous comptons également nous lancer dans le reconditionnement des chaises de bureau ». L’objectif est d’atteindre 20 % du chiffre d’affaires en 2025. En attendant de pouvoir déménager dans un bâtiment de stockage plus grand, Label Emmaüs a pu bénéficier, à travers un mécénat de compétences, des conseils d’Accenture « pour aménager au mieux l’espace et gagner un peu de place pour nos nouvelles activités futures et optimiser les process logistiques ». La coopérative a en effet besoin de réduire ses coûts logistiques : « Nos volumes ne sont pas assez intéressants pour les transporteurs qui n’acceptent pas de négocier les tarifs avec nous... », regrette Maud Sarda.

Une école pour aller encore plus loin dans l’insertion
Pour diversifier ses sources de revenu et aller plus loin dans l'insertion, Label Emmaüs a donc par ailleurs fondé une école en marketing digital en 2019. « Chaque promotion de Label Ecole crée sa propre boutique et suit des cours théoriques animés par des salariés d’entreprises telles que L’Oréal, Blablacar ou Salesforce, décrit Maud Sarda. Les étudiants présentent leur projet à l’oral devant des professionnels. 90 % d’entre eux décrochent leur diplôme et peuvent ainsi prétendre à une alternance, voire créer leur propre boutique en ligne. 80 % de nos étudiants ont trouvé la voie de la réussite après être passé par notre école. Grâce à ce parcours alternatif, nous contribuons ainsi à la parité et à la diversité dans le monde de la tech ».