Portrait

Julie Raffaillac, chargée de projets Logistique à la Région Sud : « La logistique ne peut plus être oubliée »

22 nov. 2024
Lecture : 4 minutes

Fonctionnaire d’État détachée à la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Julie Raffaillac travaille au quotidien à la prise en compte de la logistique dans tous les sujets de transition écologique et d’aménagement du territoire. Portrait d’une convaincue passionnée.

Photo J Raffailac Bw

Premiers pas professionnels à la Direction Régionale de l’Équipement d’Île-de-France

« J’ai une formation d’ingénieure en travaux publics, diplômée de l’Ecole Nationale de Travaux Publics de l’État (ENTPE), détaille-t-elle. En troisième année, je me suis spécialisée en transports et j’ai passé un DEA d’économie des transports à l’Université de Lyon, jumelée avec l’ENTP ». Elle réalise son mémoire sur le transport de marchandises en ville dans le cadre du programme national porté par le Laboratoire d’Économie des Transports (LAET, ex-LET) sur ce même thème. « Une révélation, commente-t-elle. Cela mêle énormément de sujets et d’acteurs différents. Le sujet nécessite une vision à 360° et c’est beaucoup plus palpitant que le transport de voyageurs ! ». Lors d’une 4e année d’école d’ingénieur, Julie Raffaillac part aux États-Unis, et approfondit ses connaissances en matière de transports et logistique mais sous un prisme plus théorique d’optimisation des flux. En 2001, à son retour en France, elle obtient son premier poste dans le service Études et Stratégie de la Direction Régionale de l’Équipement d’Île-de-France et travaille alors sur la modélisation des trafics. « L’objectif était de construire une planification des transports à long terme en déterminant s’il était pertinent de construire ou non de nouvelles infrastructures et de tester la mise en œuvre de scénarios de gestion du trafic au regard de la congestion routière du réseau francilien ou des émissions de polluants », détaille-t-elle. En parallèle, elle continue à travailler sur la logistique, surtout urbaine, et est amenée à collaborer à l’élaboration d’un modèle de trafic pour les flux de poids lourds régionaux, ainsi qu’à des projets européens en lien avec les nouveaux modèles de gouvernance en politique publique de transport. « Durant cette période, j’ai également développé, avec des partenaires institutionnels, un schéma directeur de la logistique pour la région Île-de-France, impliquant une réflexion sur la planification et l’implantation d’entrepôts ».

Un secteur passionnant

D’une découverte au gré de cours et projets d’étude en école d’ingénieur, le transport de marchandises, et plus généralement la logistique, est devenu un choix de quotidien professionnel au fur et à mesure des expériences. Sa complexité, les nombreux défis à y relever, ses aspects techniques et organisationnels, le besoin de sensibiliser et de faire comprendre les enjeux aux élus comme au grand public… en font pour elle un secteur passionnant. « En logistique, lorsqu’on tire un fil, c’est en fait toute une pelote qui vient à nous, assure Julie Raffaillac. On couvre des sujets en cascade et les solutions doivent se chercher collectivement, de façon transversale, car nous sommes tous responsables, y compris en tant que citoyens-consommateurs, de comment la logistique va se développer sur un territoire. Pour chaque type de logistique, de territoire, d’acteurs, il faudra composer pour trouver une solution adaptée ». La nécessaire transversalité des dossiers traités apparaît aussi bien en externe avec les acteurs du territoire et les partenaires institutionnels, qu’en interne avec les collègues des différents services. « Tous ceux qui travaillent en logistique sont des passionnés. Nous sommes une grande famille qui garde la foi, malgré, parfois, la complexité et les difficultés », se réjouit-elle. Au quotidien, il lui faut suivre les projets financés par la Région, gérer la partie administrative du financement, animer des réseaux d’acteurs, participer à des réunions sur des sujets connexes à la logistique, échanger pour trouver comment, par exemple, réactiver un embranchement ferroviaire ou encore participer à des études portant sur la logistique industrielle ou la logistique urbaine, donner des avis sur des documents de planification pour voir s’ils sont conformes aux schémas directeurs et stratégies de la Région...

Stratégie et planification à long terme/Appel à projet avec l’Ademe

Difficile pour Julie Raffaillac de dire ce qui lui plaît le plus dans son métier aujourd’hui. « J’aime tout ce qui est planification et stratégie à long terme, essaye-t-elle de lister. Penser les schémas d’aménagement et les schémas directeurs sont des exercices captivants... ». Mais pour trouver un exemple plus opérationnel, elle cite la collaboration avec l’Ademe, débutée il y a deux ans, et portant sur des appels à projets conjoints avec la Région, dont l’objectif est de financer des expérimentations de logistique bas carbone. « En 2023, nous avons étudié les dossiers de 18 candidats, pour 14 lauréats. En 2024, nous en évaluerons 13 ». Ce qui l’intéresse : voir les bonnes idées proposées, constater la motivation des porteurs, suivre les retours d’expérience et réfléchir en fonction de ces premiers retours à ceux qui méritent d’être approfondis ou essaimés. « Je peux également citer l’exemple d’une autre collaboration qui m’intéresse beaucoup ces temps-ci, avec la Compagnie Nationale du Rhône qui remet en concurrence ses sous-concessions portuaires et qui a lancé un appel à projet pour commercialiser des parcelles situées sur le site industriel portuaire d’Arles ». Julie Raffaillac anime par ailleurs les ateliers régionaux de la logistique, aux côtés de l’Etat, réunissant des parties prenantes publiques et privées autour d’enjeux communs, consistant à mobiliser et « sensibiliser des territoires et des acteurs économiques pour diffuser la bonne parole logistique et faire émerger des solutions durables ». Selon Julie Raffaillac, l’acculturation aux sujets logistiques fait son chemin également en interne, et, désormais, dans beaucoup des services du Conseil Régional, « la logistique n’est plus oubliée ».

À lire aussi