La logistique, colonne vertébrale de Ferrero France

Comment des marques comme Kinder Maxi, Nutella ou encore Ferrero Rocher gèrent leurs enjeux logistiques ? Chaque année, Ferrero France (1,4 milliard d’euros de chiffres d’affaires en 2022) livre environ 800 000 palettes sur le marché français. 

Grégory Debuchy est le directeur de la supply chain de Ferrero France. Il détaille les trois grands bassins logistiques du groupe :  “Un premier site situé à Saint-Quentin Fallavier (Rhône) sert tout le sud de la France, un autre à Neuville-aux-Bois (Loiret) le centre et l’est, et le site de Grand-Quevilly (Seine-Maritime) dessert tout le bassin normand. Quant aux produits frais de la marque, ils sont regroupés sur un seul point de stockage pour tout le territoire, à Darveau (Seine et Marne).” Une logistique fortement impactée par le niveau d’activité, pouvant varier d’un facteur 4,5 entre les pics (Noël, Pâques) et les creux (juin). 

Côté production, le groupe possède deux usines en France : un site au nord de Rouen qui produit du Nutella “tout simplement la plus grosse usine de Nutella au monde” et l’autre, basée à Nieppe, essentiellement pour la biscuiterie Delacre. Ces usines permettent à la France de produire plus de 30 % des produits du groupe Ferrero, le reste étant importé du reste de l’Europe : “C’est environ 70 % de notre volume qui vient d’Italie pour les produits à base de praline ou d’Allemagne pour les produits snack, détaille Grégory Debuchy. De notre côté, nous exportons nos produits vers l'Espagne, le Portugal, le Benelux et l'Angleterre.” 

Pour Grégory Debuchy, logistique et supply chain sont étroitement liées et visent à atteindre les objectifs de croissance du groupe : “Nous définissons une ambition marketing, traduite en objectifs commerciaux, et ceux-ci doivent être atteints grâce à la supply chain.” Il s’agit d’un maillon essentiel au support commercial et marketing. En effet, si on peut définir la logistique comme une gestion de flux physiques - inventaires, stockage, entreposage - la supply chain intègre, selon son directeur, “le pilotage de l’activité, les prévisions de vente ou encore les activités liées au customer service.” 

Cet ADN de service, d’agilité et de résilience (zéro rupture de Nutella durant le confinement) font des produits de la marque des valeurs sûres pour les distributeurs. “En termes de performance, on l’exprime en notion de volume-valeur. Même si depuis un an ça s’est légèrement dégradé à cause du prix du transport, pour autant ça reste un élément de différenciation.” Résultat, Ferrero offre un taux de service supérieur de 1,7 % par rapport à la moyenne du FMCG (fast-moving consumer goods). “Quand les clients achètent nos produits, ils sont mieux livrés que par nos concurrents”, savoure le directeur supply chain de Ferrero France. “La logistique fait partie de la perception des clients de leur fournisseur industriel. Or nous nous engageons à offrir un meilleur niveau de service, avec un projet de génération de valeur.” 

Ferrero France n’a pas attendu les contraintes liées aux coûts de l'énergie et des transports pour prendre des mesures afin de diminuer son impact environnemental, puisque la stratégie RSE du groupe s’est engagée dès le milieu des années 2000. “Ces trois dernières années, nous avons diminué de 8,6 % notre impact carbone, et nous visons une nouvelle baisse de 6 % pour les trois prochaines”, se réjouit Grégory Debuchy. Une réduction qui concerne les flux de marchandise pour l’essentiel.Parmi les actions engagées ? “La RSE dans la supply chain de Ferrero, c’est d'abord et avant tout saturer au maximum nos camions” - une flotte externalisée, variable en fonction de l’intensité de l’activité. Une fois ce préalable réalisé, le groupe peut envisager des modes de transport alternatifs, comme “nos biscuits fabriqués en Italie qui sont acheminés en train”, ou travailler sur la “late customization”, c’est-à-dire la différenciation tardive des produits livrés en vrac, assemblés en box au dernier moment au plus près des points de consommation, pour optimiser l’espace disponible. Côté entrepôts, si l’alimentation 100 % en énergie verte semble aujourd’hui un prérequis pour tous les acteurs de la logistique, Ferrero France travaille aussi sur de l’automatisation et des solutions robotiques, mais aussi des perchoirs à rapaces pour une prévention de la présence des rongeurs plus naturelle que les pièges classiques. 

Parmi les défis à relever pour poursuivre des objectifs environnementaux ambitieux pour le groupe, on pourrait imaginer le basculement d’une partie de la flotte de camions vers des solutions électriques ou à hydrogène, “malgré des freins majeurs pour l’ensemble de l’industrie”, prévient Grégory Debuchy. Parfois l’innovation est purement un flux au lieu d’une technologie, en témoigne la livraison de l’ensemble de la gamme de produits Ferrero en péniche pour son client Monoprix Paris depuis 2022. “Nous divisons par cinq l’empreinte écologique pour la région parisienne. Bien sûr, il s’agit d’un flux très très spécifique, mais ça fait partie de notre politique RSE d’être précurseur et d’innover. C’est aujourd’hui plus cher qu’un flux en camion, mais on espère contribuer ainsi à atteindre un effet de masse pour réussir à basculer le reste des flux.” Un choix qui fait tâche d’huile, puisque plusieurs autres clients ont signalé leur intérêt pour recevoir leurs commandes en péniche. Pertinent, d’autant plus à quelques mois des Jeux Olympiques, durant lesquels les flux logistiques risquent d’être largement contraints.