Sébastien Eugène, maire de Château-Thierry et président de la communauté d’agglomération de la Région de Château-Thierry

17 juil. 2025
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Château-Thierry est une commune de l’Aisne, située dans la Vallée de la Marne, à la croisée de trois régions administratives : les Hauts-de-France, dont elle fait partie, l’Île-de-France et le Grand-Est. Proche de Paris, elle est également un emplacement de choix pour les activités logistiques… mais plus pour longtemps. Explications avec Sébastien Eugène, son maire.

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Château-Thierry fait partie de l’Association des Petites Villes de France (APVF) depuis de nombreuses années. Pourquoi ?

Sébastien Eugène : Les villes ayant entre 3 500 et 25 000 habitants font finalement peu partie des débats publics. On parle souvent des grandes agglomérations et des communes rurales, mais peu des communes comme Château-Thierry, aux 15 000 habitants. L’APVF défend nos intérêts, porte notre voix auprès du gouvernement et des pouvoirs publics, nous donne les informations dont on a besoin, car nos problématiques ne sont pas celles des grandes villes ou des petits villages.

Nous sommes dans un entre-deux, avec des terres agricoles, et notamment des vignes car nous faisons culturellement partie de la Champagne, des zones urbanisées, des forêts, des zones industrielles ou commerciales, des activités logistiques…

Concernant ces dernières, que représentent-elles sur votre territoire ?

SE : Avec seulement 85 kilomètres qui la séparent de Paris, son accès à l’A4 et sa desserte ferroviaire, la ville de Château-Thierry est très appréciée des logisticiens. 80 hectares de sa superficie (1 700 ha) sont aujourd’hui consacrés aux activités logistiques et nous devrions y dédier 40 hectares de plus dans les prochaines années. Ce seront sans doute les derniers dossiers logistiques que nous accepterons sur la commune.

Pourquoi n’en accueillerez-vous plus désormais, après ces derniers projets ?

SE : Parce que cela prend de la place ! Sur une petite ville comme Château-Thierry, ces 120 hectares représentent déjà une part importante de notre foncier disponible, d’autant plus précieux à l’heure du Zéro Artificialisation Net (ZAN). D’autre part, les emplois créés sont généralement peu qualifiés. D’ailleurs les entreprises de logistique présentes sur notre commune ont du mal à recruter sur place… Et puis on devine une certaine lassitude de la population face à la logistique, déjà très présente.

Pourquoi la commune a accepté les précédents alors ?

SE : L’emploi est le principal argument. Pour une emprise de 20 hectares, ce sont environ 400 postes créés. Pour une agglomération de 15 000 habitants, c’est important. Il y a aussi les recettes fiscales, non négligeables. Sur la communauté d’agglomération Région de Château-Thierry, certains diminuent la taxe d’aménagement de 4 à 1 % pour que le projet se fasse car ils savent qu’il y aura ensuite la taxe foncière, perçue chaque année. L’installation de ces nouvelles activités peut également contribuer à la dynamisation des commerces de proximité qui font vivre la commune.

Quels arguments pourraient être présentés par les porteurs de projet pour que vous lez voyiez d’un œil plus favorable ?

SE : Comme je l’ai déjà dit, le nombre d’emplois créés par hectare est le sujet principal. Sur le territoire de la Communauté d’Agglomération de la Région de Château-Thierry, l’emploi logistique représente 5,5 % de l’ensemble des emplois. Mais se pose désormais également la question de la qualification de ces emplois. Nous n’en sommes qu’aux balbutiements mais nous travaillons aujourd’hui de façon étroite avec les plateformes existantes pour une montée en gamme des métiers et du niveau de technicité exigée sur les sites. Cela peut passer, par exemple, par l’intégration d’une partie de la production sur le site logistique. L’insertion paysagère est également un thème systématiquement abordé lors des réunions. Nous n’avons pas pour autant de cahier des charges précis ou de réglementations spécifiques. Cela se fait principalement par des discussions avec les porteurs de projets et les améliorations des plans se font de façon itérative, par allers-retours, parfois nombreux. Le guide du paysage publié par Afilog peut nous aider car il nous permettrait aussi de voir ce qu’il se fait ailleurs.

Côté riverains, les questions posées portent surtout sur la hauteur des bâtiments, sur leur proximité avec les habitations… Mais les prochaines installations se font suffisamment loin pour qu’il n’y ait pas d’opposition aux projets.

Que mettez-vous en place pour accueillir ces activités ?

SE : Pour l’un des projets à venir sur les 40 hectares, nous avons dû construire de nouvelles infrastructures routières comme une nouvelle desserte par exemple. Même si l’installation se fera à proximité de l’autoroute, l’adaptation de la voirie était nécessaire. Le coût est estimé à environ 1 million d’euros, que nous avons répercuté sur le prix de vente du terrain.

En tant que président de la communauté d’agglomération Région de Château-Thierry, mettez-vous en place une concertation entre les communes quand ce type de projet se présente ?

SE : Nous évitons à tout prix de raisonner à l’échelle d’une seule commune, et préférons réfléchir à l’échelle d’une agglomération entière pour garder une cohérence et une répartition des activités sur l’ensemble du territoire. La cohérence est aussi de ne pas pousser les activités dans des zones sans infrastructure adaptée, ce serait un non sens ! Dans cette logique, nous mettons donc en place, de façon de plus en plus affirmée, une planification des projets.

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