Malgré la crise, la logistique continue de recruter ! Entretien avec Renaud Bouet, DRH du groupe ID Logistics

23 avr. 2025
Lecture : 4 minutes

ID Logistics, créé en France en 2001 par Eric Hémar, est un des grands acteurs du secteur de la logistique contractuelle. Chaque année, il recrute des centaines de personnes en France. En 2025, il prévoit 900 nouvelles embauches, principalement en CDI. Entretien avec son DRH Groupe, Renaud Bouet, qui nous donne un aperçu de la stratégie RH déployée pour attirer de nouveaux talents.

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© ID Logistics

Vous avez annoncé une grande campagne de recrutement il y a quelques mois. Cela concerne combien de personnes et quels sont les profils les plus recherchés ?

Renaud Bouet : Tous les ans, depuis plus de 20 ans, nous recrutons entre 800 et 1 000 personnes en France. Ainsi, cette année encore, nous prévoyons 900 recrutements, principalement en CDI. Ces embauches sont liées à l’ouverture de nouveaux sites logistiques dans plusieurs régions stratégiques pour nous.

À 80 %, il s’agit plutôt de profils « production », en tant que préparateurs de commandes, caristes… Mais nous cherchons aussi des compétences pour les fonctions périphériques, administratives en ressources humaines, en sécurité, en informatique, en management… Pour ce qui concerne les métiers de la « production », on les estime probablement à tort généralement non qualifiés, alors qu’ils nécessitent pour certains un savoir technique et une certification ou une qualification. C’est vrai qu’il y a peu de barrières à l’entrée, et c’est justement de qui permet de belles évolutions de carrière. Il est possible de commencer sur des métiers peu qualifiés, puis de devenir - si on en a l’envie et la possibilité - chef d’équipe, responsable d’exploitation, et pourquoi pas responsable de site. Nous essayons pour cela d’encourager la mobilité interne avec un processus de suivi de chaque salarié par son manager, et ce à tous les niveaux de l’organisation, avec une identification des savoir-faire et des besoins de progression, avec une formation continue des salariés pour maintenir un niveau de compétence élevé, mais aussi avec un accompagnement des talents qui voudraient et pourraient évoluer.

Vous avez parlé d’embauches en CDI. Or, le secteur de la logistique est connu pour faire souvent appel à des contrats en intérim. Proposer un CDI est-il un argument pour attirer et fidéliser les talents ?

Renaud Bouet : Tout d’abord, rappelons que le recours à l’intérim est principalement commandé par la variation des volumes à traiter pour le compte de nos clients et la nécessité de faire face à des pics et variations. Ajoutons également qu’au-delà de la flexibilité qu’il permet à l’entreprise, il représente un certain investissement en termes de formation pour tout nouvel entrant, de montée en compétence, etc.

Ensuite, quand on arrive à avoir une vision plus fine de ces volumes et de notre capacité à les anticiper, et à planifier vos nos besoins en ressources, nous pouvons proposer de convertir certains contrats en intérim en contrats permanents.

Attention pour autant, ce n’est plus toujours le type de contrat recherché par les candidats... Il arrive de plus en plus souvent qu’ils refusent cette titularisation, principalement pour des raisons de flexibilité, mais aussi parce que finalement ils n’y trouvent pas d’intérêts particuliers. C’est donc à nous de travailler sur la valorisation de notre modèle social, sur un modèle d’entreprise qui pourrait leur faire préférer le CDI.

Renaud Bouet. Credits : ID Logistics
Renaud Bouet, DRH du groupe ID Logistics © ID Logistics

Combien de personnes travaillent chez ID Logistics ?

Renaud Bouet : Nous comptabilisons, en moyenne, 42 000 collaborateurs dans le monde en équivalent temps plein, CDI et intérim confondus. Mais lorsqu’il y a des pics d’activité, nous pouvons atteindre 51 000 personnes dans nos entrepôts, en faisant appel à encore plus de contrats à durée déterminée que durant le reste de l’année. En France, nous avons environ 7 500 CDI et le nombre d’employés peut monter à 11 000, par exemple en décembre, au moment des fêtes de fin d’année.

Est-ce que vous avez du mal à recruter ?

Renaud Bouet : Le marché de l’emploi logistique peut en effet être tendu tant sur la quantité que sur les compétences, notamment quand nous inaugurons un nouveau site et qu’il nous faut recruter 500 personnes d’un coup. À quelques rares exceptions près, nous y parvenons toutefois, à condition de savoir amener des personnes qui ne sont pas du secteur à essayer ces métiers. Nous travaillons pour cela avec France Travail pour les faire connaître, et nous proposons des formations in situ. De plus, il nous faut créer nous-mêmes les ressources, en interne et en externe, en pensant à la fois sur le court, le moyen et le long terme.

Sur le moyen et long terme, en 2025, le groupe ouvre par exemple une centaine de contrats en alternance en France, sur l’ensemble de ses métiers, à savoir les métiers opérationnels et logistiques, les fonctions supports et administratives ainsi que l’informatique, la digitalisation et l’ingénierie logistique. En complément, nous continuons de développer le programme V.I.E (Volontariat International en Entreprise), permettant ainsi aux jeunes talents de partir en mission dans l’un des 18 pays où nous sommes présents. Cette possibilité d’avoir une expérience à l’international peut motiver les candidats à postuler dans notre secteur.

D’où peuvent venir les difficultés à recruter ?

Renaud Bouet : Lorsque le site n’est pas à proximité d’une grande ville, et/ou lorsque les transports en commun ne permettent pas aux employés de se déplacer facilement, il peut être difficile de trouver des candidats. Du côté des postulants, cela peut aussi venir d’une méconnaissance du secteur et de ses métiers. Le « logistique bashing » ne nous aide pas non plus. À tort, on parle de métiers peu qualifiés et peu valorisants, de conditions de travail difficiles. Or, les métiers de la logistique innovent et évoluent en permanence. L’automatisation et la mécanisation permettent de réduire la pénibilité dans les entrepôts, et créent, de plus, de nouveaux besoins en termes de profils. Nous avons par exemple aujourd’hui besoin de plus de techniciens pour la gestion des outils, pour la maintenance, etc. Le fait que nous soyons un secteur qui recrute beaucoup, régulièrement, peut également amener à un tarissement des bassins d’emplois.

Que mettez-vous en œuvre pour changer cela ?

Renaud Bouet : Nous proposons des opportunités professionnelles durables et valorisantes dans un secteur en constante évolution et nous mettons en place tout ce qu’il faut pour améliorer la qualité de vie au travail, en améliorant la sécurité et l’ergonomie des postes. Nous réfléchissons également à une option de souplesse dans les emplois du temps, avec des horaires « à la carte », quand la typologie d’activité le permet. Nous accompagnons également nos collaborateurs dans des démarches de V.A.E (valorisation des acquis de l’expérience) pour leur permettre de convertir leur expérience en diplômes ou certifications.


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