La logistique, un maillon vital pour Airbus

Airbus a confirmé en août dernier son objectif de hausse de production d’avions commerciaux cette année et les suivantes. L’avionneur vise toujours à livrer au total 720 appareils en 2023, sur la base de 381 livraisons déjà effectuées sur les sept premiers mois de l’année. Pour respecter ses délais de livraisons auprès des compagnies aériennes, Airbus s’appuie sur une logistique sans faille et « au cordeau » pour approvisionner en juste-à-temps les lignes d’assemblage de ses usines en France et en Allemagne. Le groupe européen aéronautique a ainsi confié en France, mais aussi aux Etats-Unis sa logistique amont à Daher, spécialiste de logistique industrielle qui se revendique leader européen de la logistique aéronautique.  

Le prestataire gère, en fait, la chaine d’approvisionnement des diverses pièces, éléments de structures et modules d’avions nécessaires à la construction des appareils commerciaux tels que l’A220, les avions de la  famille A320,A330 et A350… dans les propres entrepôts de l’avionneur. « L’organisation logistique d’Airbus s’articule autour de plateformes situées soit sur ses sites de production qui sont chacun spécialisés, soit à proximité de quelques km » indique Aymeric Daher, Directeur adjoint de la division Logistique de l’entreprise éponyme. Daher traite ainsi dans les entrepôts de proximité d’Airbus Atlantic à Montoir-de-Bretagne, toutes les petites et moyennes pièces de structure en composite et en aluminium provenant d’une myriade de fournisseurs, mais aussi des modules de fuselage qui sont transportés vers les usines de Toulouse et de Hambourg. Le prestataire assure la même prestation logistique de grands éléments aéronautiques dans la même organisation d’entrepôts de proximité des usines d’Airbus à Toulouse (Haute-Garonne).  

La difficulté pour Daher est de gérer les approvisionnements de pièces provenant de la cascade de milliers de fournisseurs. « L’enjeu est d’amortir les aléas industriels et les fortes variations d’approvisionnement de pièces et de s’y adapter en temps réel. Il s’agit par exemple de gérer la variation d’un volume de pièces du jour au lendemain. Le retard d’approvisionnement pris la veille entraîne un surplus de volume le lendemain. Et en cas d’indisponibilité de pièces, nous opérons un flux accéléré lorsque nous les recevons pour les faire passer directement sur la chaîne de production d’Airbus » explique Aymeric Daher. Pour cela, le prestataire adopte « une intelligence de stockage » et surveille la performance de la servitude à la pièce près, au plus près des attentes de son client. Un monitoring qui s’effectue à chaque étape du processus logistique, de la réception des pièces à leur livraison chez Airbus, en passant par leur mise en stock et leur prélèvement pour la préparation les commandes. Chaque jalon du process est vérifié physiquement et de façon informatique grâce à des outils numériques performants (comme le dernier logiciel de gestion d’entrepôt de l’éditeur SAP, un type d’outil dont la fonction est d’indiquer aux opérateurs les pièces en stock à prélever correspondantes à une commande) qui lui permettent de maîtriser et d’optimiser les flux d’approvisionnement pour absorber les aléas industriels des approvisionnements.  

« Nous travaillons notamment sur l’ingénierie de la gestion des pièces dans la zone de réception d’entrepôt qui nous donne une traçabilité complète de chacune d’elles grâce à nos outils digitaux connectés en amont et en aval au système d’information d’Airbus » précise-t-il. Daher va même jusqu’à automatiser le prélèvement dans certains entrepôts d’Airbus comme sur l’un d’eux à Saint-Nazaire, à l’aide d’un magasin automatisé, qui gère le stockage de petites pièces sur des étagères  pour les mettre dans des bacs et les poser ensuite sur des convoyeurs sur lesquels des opérateurs les récupèrent. « Nous utilisons également des outils d’intelligence artificielle reliés à des capteurs, qui en fonction de la météo extérieure, du pic de personnel et d’ouverture de portes…permettent d’optimiser la consommation d’énergie de l’entrepôt. Sur la plateforme logistique de Saint-Nazaire, nous avons ainsi réduit la consommation énergétique de 10% à 15% » souligne Aymeric Daher.