L’immobilier logistique accélère sa transition écologique
Le lancement de la deuxième édition de La Semaine de la Logistique a été l’occasion de faire le point sur les actions des professionnels de l’immobilier logistique en matière de transition écologique. Un peu plus d’un an après la signature d’une charte d’engagements avec l’État, ils ont amplifié leurs efforts en matière de production d’énergie renouvelable, de neutralité carbone, de sobriété foncière et de protection de la biodiversité. Explications.
L’heure du premier bilan a sonné pour la charte d’engagements réciproques entre l’État et les membres d’AFILOG pour la performance environnementale et économique de l’immobilier logistique français. Et il est positif. Le suivi des efforts réalisés par les adhérents de l’association depuis juillet 2021, date de la signature du document, montre en effet une accélération de la transition écologique de l’immobilier logistique.
« 56 projets représentant plus de 2,6 millions de mètres carrés de bâtiments ont été inscrits dans la démarche de la charte, explique Salvi Cals, co-pilote du groupe de travail d’AFILOG sur le suivi des engagements. Une partie des dossiers avaient été initiés avant la signature de la charte, ce qui met en lumière le processus itératif enclenché il y a plusieurs années par les professionnels pour réaliser la transition écologique. Aujourd’hui, l’essentiel des nouveaux dossiers respectent les engagements pris dans la charte. » À commencer par ceux relatifs à la production d’énergie et à la performance environnementale du bâti.
Quand les entrepôts deviennent producteurs d’électricité
La couverture de plus de la moitié des toitures des nouveaux entrepôts avec des panneaux photovoltaïques est devenue quasiment systématique pour produire de l’énergie consommée par les utilisateurs des sites ou bien réinjectée dans le réseau de distribution. « Nous ne sommes pas tout à fait à 100% depuis la signature de la charte mais nous respecterons totalement cet engagement très rapidement, indique Cécile Tricault, senior vice-présidente de Prologis pour l’Europe du Sud. Nous sommes en train de mettre en place une équipe dont la mission sera de faire de notre groupe un producteur d’énergie, y compris en France, au cours des prochaines années. »
En matière de neutralité carbone, des premiers projets vertueux ont été référencés dont celui livré par Prologis à Monoprix à Moissy-Cramayel fin 2021. « Nous continuons à travailler main dans la main avec notre client pour faire les bons réglages car ce projet a vocation à être décarboné sur l’ensemble de son cycle de vie, pas simplement au moment de sa livraison », souligne Cécile Tricault. Au niveau mondial, le groupe s’est engagé à atteindre la neutralité carbone de ses activités et de ses opérations en 2040. « Nous développerons dès que ce sera possible économiquement de nouveaux projets qui iront encore plus loin que celui de Moissy-Cramayel pour atteindre une décarbonation à 100 %, voire faire des entrepôts qui seront des puits de carbone. » Autres grands enjeux environnementaux, la sobriété foncière et le respect de la biodiversité figurent également parmi les engagements des membres d’AFILOG.
Les friches et les écologues, facteurs d’accélération de la transition écologique de l’immobilier logistique
« Les professionnels de l’immobilier logistiques essayaient déjà de privilégier les friches aux terres non artificialisées avant la signature de la charte, constate Salvi Cals. Ils poursuivent leurs efforts en la matière avec toujours près de 60 % des nouveaux projets qui s’inscrivent dans cette démarche. » Panattoni, développeur logistique dont la branche française est dirigée par Salvi Cals, vient par exemple de démarrer la construction avec ADM d’une plate-forme logistique de 45 000 mètres carrés à Allonne, près de Beauvais, sur les terrains d’une friche industrielle de 15 hectares.
En parallèle, plus de 80 % des projets recensés dans le suivi de la charte préservent la végétation existante en dehors de l’emprise du bâtiment et des voiries. Même proportion en ce qui concernent la plantation d’arbres et de haies. Par ailleurs, environ 9 projets sur 10 font appel aux services d’un écologue. Et la quasi-totalité des nouveaux entrepôts mettent en place des dispositifs (nichoirs, gîtes…) pour accueillir et améliorer la biodiversité. « Nous travaillons avec le label BiodiverCity pour déployer des ruches sur nos sites, témoigne Cécile Tricault. Plus que la production de miel qui pourrait s’apparenter à du greenwashing, nous accompagnons ces installations d’analyse de pollen autour de nos parcs pour identifier la présence de métaux lourds, de pesticides, de présence d’espèces invasives, de présences ou d’absence d’espèces endogènes… A partir de ces données, nous déployons des actions pour améliorer cet environnement. »
L’existant, prochaine cible pour déployer les engagements de la charte
« Les membres d’AFILOG signataires de la charte intégreront dans leurs démarches l’infiltration de 100 % des eaux pluviales, au plus près de leur lieu de chute, à partir de 2023 », mentionne le co-pilote du groupe de travail d’AFILOG sur le suivi des engagements. La gestion écologique des espaces végétalisés, comme la réutilisation sur site des produits de taille, tonte et fauche raisonnée par exemple, sera aussi un axe de travail dans les mois à venir.
A moyen terme, les efforts devront également concerner le bâti existant. « Nous appliquerons in fine la charte à l’ensemble de notre patrimoine, soit 140 bâtiments en France représentant 3,2 millions de mètres carrés, précise Cécile Tricault. Nous sommes en pleine phase d’audit pour pouvoir ensuite définir un plan d’actions et le déployer dans les prochaines années. » Une nouvelle phase d’accélération de la transition écologique dans l’immobilier logistique se dessine d’ores et déjà.
Une déclinaison territoriale de la charte d'engagements réciproques en cours
« L’État a tenu ses engagements pour clarifier la réglementation et pour faciliter l’instruction des dossiers comme prévu dans la charte : les professionnels doivent désormais se saisir pleinement des outils qu’elle contient ». Outre ces deux volets rappelés par Geoffroy Cailloux, sous-directeur des services marchands à la Direction Générale des Entreprises, le document prévoit également une implication des collectivités territoriales pour rendre les ambitions des signataires opérationnelles. Ainsi, neuf conférences régionales de la logistique ont été organisées depuis fin 2021.
« Elles ont remis la logistique au cœur du dialogue des services déconcentrés de l’État et provoqué des rencontres avec les professionnels, ajoute Geoffroy Cailloux. La deuxième phase doit permettre de mieux anticiper les développements futurs en faisant coïncider les besoins de mètres carrés estimés par les professionnels, et notamment les membres d’AFILOG avec l’offre foncière des collectivités territoriales. L’État facilitera la consolidation de ces données et proposera des modalités d’exploitation en lien avec les dispositifs existants comme le fonds friches et le dispositif des sites industriels clés-en-main. »
« Dans ces conférences qui traitent de la logistique dans son ensemble, il est beaucoup question d’entrepôts et de problèmes fonciers, appuie Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique. Nous nous rendons compte que les situations sont disparates en fonction du niveau d’artificialisation et de l’importance accordée à la logistique dans la politique économique de chaque région. Il reste donc du chemin à parcourir pour faire converger l’offre et la demande mais nous allons dans la bonne direction avec une méthode qui stimule la prise de conscience sur l’importance de ce secteur d’activité pour la France à travers les sujets d’utilité sociale et économique, de transition écologique, et d’innovation. »