Environnement

Logistique fluviale : et si les voies bleues étaient les plus vertes ?

18 janv. 2023
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Moins émettrice de CO2, moins consommatrice d’énergie, la logistique fluviale présente de nombreux atouts et intéresse de plus en plus d'acteurs. Analyse d'une activité à fort potentiel.

Logistique Fluviale
Le port de Gennevilliers (©Haropa Port)

Avec 52,5 millions de tonnes (Mt) transportées en 2021 en France, le transport fluvial (source VNF bilan 2021 Fret fluvial) de marchandise affiche une hausse supérieure à 4 % en tonnes-kilomètres (TKM) et à 3,1% en volumes par rapport à 2020. Cela représente l’équivalent de plus de 2 625 000 camions évités sur les routes. Un résultat notamment dû à une croissance significative de l’usage du fluvial pour la filière des matériaux de construction, soit 23,7 Mt, en progression de +16,8 % par rapport à 2020. Ce bilan démontre la confiance des professionnels dans ce mode qui contribue à la transition écologique. Au sein de l’Union Européenne en revanche, le transport par voie de navigation ne représentait que 131,7 milliards de TKM en 2020, en recul de 8,4 % par rapport à 2019.

Des atouts multiples et un vrai potentiel de développement

La logistique fluviale présente de nombreux atouts : réduction d’émission de CO2, désencombrement routier et diminution des nuisances, sécurité renforcée, délai de livraison définis à l’avance, compétitivité de la chaine logistique fluviale (stock tampon en sécurité dans les ports et flexibilité) ou encore meilleure traçabilité des marchandises.

Les exemples d’expérimentations en matière de logistique fluviale se multiplient, non plus seulement entre les grands bassins de production et de consommation mais aussi au cœur des villes avec un essor croissant de la logistique fluviale urbaine. « C’est grâce à l’innovation que la logistique fluviale urbaine poursuit son développement, souligne Antoine Berbain, directeur général délégué d’Haropa Port - Paris. De nouveaux schémas de desserte émergent intégrant plusieurs modes de transport vertueux : l’utilisation de bateaux auto-déchargeants disposant de moyens de manutention embarqués, l’usage des ports à temps partagés, de nouveaux usages comme les relais colis et stocks flottants, les barges mutualisées… »

Des sites fonctionnant en hub pour servir des acteurs multiples

Parmi les grands sites de la logistique fluviale, citons les plateformes multimodales de Gennevilliers à l’ouest de Paris et de Bonneuil-sur-Marne à l’est qui fonctionnent comme des hubs de préparation et de chargement de marchandises. Sur la plateforme de Limay-Porcheville, Ikea a implanté un nouvel entrepôt. Dans Paris, ce sont les ports de la Bourdonnais (où s’opère la logistique de Franprix qui permet de desservir 300 magasins) et de Bercy utilisé pour le e.commerce d’Ikea.

La logistique fluviale s’applique à presque toutes les marchandises. Depuis de nombreuses années, les produits du BTP et ceux valorisables (plastiques, papiers-cartons) sont distribués au plus près des chantiers à partir des hubs constitués par les plateformes multimodales. Les produits transformés, à forte valeur ajoutée, sont eux concernés depuis le début des années 2000 : voitures, électroménager, produits alimentaires (hors frais et surgelés), textile, boisson… Les conditionnements évoluent et innovent : palettes, vrac, fûts, colis lourds, sacs, conteneurs, caisses mobiles, véhicules de livraison embarqués…

Des accords pour accélérer la logistique fluviale et désengorger les villes

Les métropoles de Rouen, Paris et Le Havre ont lancé un appel à manifestation d’intérêts en partenariat avec Haropa Port et Voies Navigables de France (VNF). L’objectif assigné : identifier des projets ou entreprises susceptibles de matérialiser un trafic fluvial du dernier kilomètre. Un appel à projets sera lancé au début 2023 pour l’ensemble de l’axe Seine.

Acteur majeur de l’ameublement qui recourt massivement à la logistique fluviale pour livrer ses magasins, Ikea utilise la Seine puis des véhicules électriques pour livrer ses clients. Préparées au centre de distribution sur le port de Gennevilliers, les commandes sont acheminées dans des containeurs adaptés jusqu’au port de Bercy, puis chargées sur des véhicules électriques pour effectuer « le dernier km ». De son côté, Goodman porte un projet immobilier de plateforme logistique directement connecté à la Seine, sur le port de Gennevilliers, pour permettre à ses futurs utilisateurs de regrouper et expédier leurs marchandises directement via le fleuve. Les véhicules routiers assurant la distribution seront quant à eux 100 % zéro émission dès 2030.

Un réseau encore fluide

Malgré une longue période de crise, force est de constater qu’un nombre croissant de chargeurs et d’acteurs s’intéressent au transport fluvial. Le réseau est fluide et non saturé. Il pourrait accueillir jusqu’à 4 fois plus de trafic sur certains axes comme la Seine ou le Rhône. Bien qu’étant le mode de transport de fret le plus écologique, il est encore largement sous exploité.

Dans une perspective de développement, les entrepôts au sein ou à proximité des ports fluviaux sont un maillon essentiel de la chaine logistique. Les grandes métropoles traversées par des fleuves peuvent compter sur ce transport pour acheminer les marchandises jusqu’au cœur même des zones denses. « La montée en puissance du transport fluvial, au détriment de la route et à la faveur de la stratégie nationale bas-carbone, nécessite de repenser le positionnement des infrastructures essentielles que sont les plateformes logistiques », conclut Philippe Arfi, directeur de Goodman France.

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