Environnement

Pourquoi ces entreprises logistiques deviennent sociétés à mission

7 sept. 2023
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Issues de la loi Pacte de 2019, la raison d’être et la société à mission permettent aux entreprises d’afficher des objectifs sociétaux ou encore environnementaux dans le cadre de leurs activités. Depuis la création de ces deux notions, plus de 1000 entreprises françaises ont sauté le pas. Les entreprises logistiques entrent également dans le mouvement. 

Raison d'être

Les sociétés à mission font des émules. En un an, leur nombre a plus que doublé en France : de 597 en 2021, elles sont passé à 1008 selon le dernier Baromètre de l’Observatoire des sociétés à mission. Et les entreprises logistiques n’échappent pas à la tendance. La Poste a été la première à sauter le pas en juin 2021, suivie désormais d’Aréfim et de Virtuo Industrial Property. 

« Notre punchline, « Foncièrement engagés ! » résume parfaitement qui nous sommes », précise Valéry Fenès, Président d’Aréfim. Foncière française spécialisée dans le développement de parcs d’activités, Aréfim est la première société logistique devenue société à mission, en février 2023. Une décision « mûrement réfléchie depuis 2021, explique Valéry Fenès. Devenir société à mission est une façon d’officialiser notre engagement. » Même approche du côté de l’entreprise Virtuo Industrial property : « Le fait d’inscrire dans les statuts de l’entreprise la mission de Virtuo, c’est un engagement fort », souligne Grégory Blouin, le président. Spécialisée dans le développement de plateformes logistiques, l’entreprise est devenue société à mission le 15 juin dernier.  

Les missions des sociétés logistiques Aréfim et Virtuo 

« Devenir société à mission faisait partie de notre stratégie RSE. Chez Aréfim, nous sommes convaincus que notre avenir dépend de nos actions. Nous sommes pleinement acteur du changement. », partage Valéry Fenès. Pour y parvenir, l’entreprise a modifié ses statuts et défini des objectifs statutaires pour chaque valeur que sont la co-construction, l’environnement, la biodiversité et le bien-être au travail. Quatre valeurs qui font leur ADN et que l’on retrouve dans leur raison d’être : « Ensemble, créons des lieux de vie innovants, au service des entreprises, de la communauté et de la biodiversité ». Dans chaque projet, Aréfim se donne pour mission de faire ressortir ces 4 valeurs. Ce fût le cas avec le Cosmetic Park situé dans le Centre-Val de Loire.  

« Pour le bien-être au travail, nous avons installé une crèche qui accueille 40 berceaux. Dès 2024 un hôtel, un restaurant et des espaces sportifs s’inviteront au sein du Cosmetic Park. Concernant la partie environnementale, nous avons privilégié les énergies vertes pour alimenter les bâtiments du site, la géothermie pour les bureaux par exemple ou encore le photovoltaïque pour le bâtiment de l’Oréal. Ce dernier est un des premiers bâtiments en France à avoir une triple certification : LEED® Gold, BREEAM® Excellent et Biodivercity ® Performant. » détaille le Président d’Aréfim 

« Être entreprise à mission, c’est dépasser le discours et s’engager concrètement par des actes », rebondit Grégory Blouin. En effet, n’est pas société à mission qui veut. Afin d’obtenir ce statut, il faut d’abord, une raison d’être, « Revitaliser, consciemment, des espaces propices à l’émergence d’une logistique choisie », telle est la raison d’être de Virtuo Industrial Property. Passé cette étape, il faut définir les missions de l’entreprise et modifier les statuts. « C’est un processus de 6 à 9 mois entre le moment où la démarche est initiée et le moment ou on change les statuts », explique Grégory Blouin. Une fois cette étape franchie, vient le temps des preuves par l’action.  

Des devoirs et des droits 

Si l’entreprise est composée de plus de 50 salariés, elle doit par exemple se doter d’un comité de mission. Ce dernier vérifie que chaque décision prise prend bien en compte les critères sociaux et environnementaux et rédige un rapport annuel. Quel que soit la taille de l’entreprise, la réalisation des objectifs fait également l’objet d’une vérification tous les deux ans par un organisme indépendant tiers. Que se passe-t-il si les objectifs ne sont pas atteints ? Une procédure de retrait de la qualité de société à mission peut être engagée auprès du tribunal de commerce compétent. 

Un statut contraignant mais alors pour quels avantages ? « Ça donne du sens à notre métier, explique Valéry Fenès. Dans le terme société à mission, il y a le mot mission et nous-même nous avons la mission d’accompagner nos locataires et l’ensemble de nos prestataires vers la transition énergétique, environnementale et sociétale. » détaille-t-il. De même, les partenaires se trouvent rassurés. « Beaucoup de collectivités locales nous font confiance car nous sommes engagés statutairement en matière de développement durable », cite en exemple Grégory Blouin. Le statut de société à mission participe à révolutionner l’image de l’immobilier logistique et permet également d’approcher de nouveaux partenaires. « On ne peut pas s’engager dans ce type de démarche sans un minimum de conviction personnelle. En devenant société à mission, on renonce à certains développements mais nous en gagnons d’autres avec des locataires plus exigeants et qui ont les mêmes valeurs que nous », conclut Valéry Fenès. 


Raison d’être, société à mission, quelle différence ?

Issu de la loi Pacte (plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), l’entreprise à raison d’être et la société à mission permettent aux entreprises d’afficher des objectifs volontaires. En apparence similaire, ces deux notions sont pourtant bien différentes. La raison d’être désigne une ambition d’intérêt général qu’entendent poursuivre les dirigeants. La société à mission permet à une entreprise d’affirmer publiquement sa raison d’être, ainsi qu’un ou plusieurs objectifs sociaux et environnementaux qu’elle se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité. Alors que la vocation première d’une entreprise est de faire des profits, les entreprises à mission se fixent un autre but, inscrit noir sur blanc dans leurs statuts. 

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