Économie

Une logistique « militaire » pour le défilé du 14 juillet

5 juil. 2023
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Depuis 1945, le défilé du 14 juillet est l’un des grands moments de l’année pour les militaires mais aussi pour les dix millions de Français qui suivent l’événement sur les Champs-Élysées et derrière leur télévision. Considéré comme une « opération militaire » en tant que telle, le défilé a sa propre logistique. Reportage.

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Le défilé du 14 Juillet sur les Champs-Élysées rassemble 6500 militaires (©SGT Louis/GMP-COM)

Si l’on devait résumer l’organisation du défilé du 14 juillet en un seul mot, ce serait sans doute « militaire ». Le lieutenant-colonel Pierre-Etienne en charge de la logistique de l’événement est catégorique « on ne fait aucune différence entre le défilé du 14 juillet et une opération traditionnelle sur le terrain ». Le jour-j, ce sont 6500 militaires qui défilent sur les Champs-Élysées dont 5100 à pied, accompagnés de plus de 157 véhicules et engins, 66 avions, 29 hélicoptères, acheminés à Paris pour l’occasion depuis des bases situées partout en France.

Les bases arrière logistiques du défilé du 14 juillet

« L’Armée n’a pas les moyens de s’offrir des ‘pots de fleurs’, les militaires et véhicules qui défilent sur les Champs-Élysées viennent des terrains d’opération ou des bases militaires, explique le lieutenant-colonel Pierre-Etienne. Il est d’ailleurs possible que certains véhiculent qui défileront reviennent directement du Sahel où nous avons désengagé une partie de nos forces. » En effet, l’Armée met à disposition provisoirement ses ressources pour l’occasion. Les chars Leclerc, les Petits Véhicules Protégés (PVP), les porte-engins de l'armée, les Véhicules blindés légers, les Véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI), les véhicules légers de reconnaissance et d'appui (VLRA), autant d’équipements soustraits aux bases militaires pour l’occasion qui sont réacheminés vers les sites dès le lendemain.

Les équipements et les hommes arrivent en Ile-de-France à partir du 15 juin, soit un mois avant le défilé. « Le matériel et les véhicules sont acheminés par voie routière ainsi que par voie ferré, avec un déchargement dans des gares militaires, on stock, on transfert vers les Champs-Élysées le 14 juillet à l’aube. » L’ensemble n’est pas stocké au même endroit puisque les sites de répétition ne sont pas les mêmes. « Pour le défilé motorisé, les grandes répétitions se font sur une piste aérienne à Brétigny-sur-Orge par exemple. » Par ailleurs, le stockage du matériel est directement lié à l’hébergement des militaires dans des casernes militaires existantes ou dans des camps de base déployés pour l’occasion. « Les plus éloignés sont à Chartres sur un aérodrome mais la plupart sont proches de Paris, à Versailles, à Saint-Cyr-L’École, au fort de Vincennes, au Mont Valérien… On met l’édredon dans la valise comme on dit ! C’est comme en mission, on monte des bivouacs. »

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Le matériel et les véhicules utilisés pour le défilé du 14 Juillet sont acheminés par voie routière ainsi que par voie ferré (©SGT Louis/GMP-COM)

Une préparation millimétrée

La date est fixe, les grandes lignes du défilé sont connues… Néanmoins, le travail de préparation est colossal chaque année car ce ne sont pas les mêmes unités qui défilent. « Le défilé du 14 juillet est une succession de tableaux. Lorsqu’on prépare le défilé, on imagine des scènes et des mouvements intégrés dans ce qu’on appelle une ‘maquette’, validée par le Président de la République. » Si le défilé ne dure que deux heures, c’est un an de travail pour le lieutenant-colonel Pierre-Étienne et son équipe de 15 personnes (le groupe de planification élargi compte 70 personnes au total et toutes les fonctions logistiques sont représentées).

La préparation du 14 juillet d’une année commence au 15 juillet de l’année précédente. « Dès le lendemain, on réunit les chefs d’état-major et on fait un RETEX (retour sur expérience) à chaud. À partir de là on a déjà des grands enseignements. On analyse s’il y a eu des délais, des accidents, des blocages… Ensuite on se réunit en octobre pour un RETEX à froid. À partir du 1er janvier on planifie l’opération avec trois grandes réunions en janvier, avril et juin. C’est une mécanique énorme car il faut loger 6000 militaires, transporter des centaines de véhicules… ».

Autre contrainte majeure : le défilé a lieu en plein milieu de Paris. « On ne peut installer que quelques heures avant et tout doit être en ordre quelques heures après. » L’équipe en charge du défilé travaille de fait en étroite collaboration avec la Ville de Paris et la Préfecture de Police de Paris pour sécuriser l’ensemble des accès et faire « place nette », autrement dit « enlever tous les feux tricolores, les panneaux et autres mobiliers urbains qui pourraient gêner le défilé. » Militaire et bien plus, le défilé du 14 juillet continuera de célébrer l’Armée française pour des années encore… grâce à une logistique bien rodée.

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