Territoires

Vers une logistique durable en Normandie : l'Agglo Seine-Eure au cœur des transformations du SRADDET

26 mars 2024
Lecture : 3 minutes

La Normandie est la première Région française à avoir adopté les modifications du Schéma Régional d'Aménagement, de Développement Durable et d'Égalité des Territoires, le SRADDET, imposées par la loi Climat & Résilience. Certaines concernent la logistique. Mais quel impact ont-elles sur les intercommunalités de la région ? Exemple concret avec l’Agglo Seine-Eure présenté par son président Bernard Leroy. 

Bernard Leroy, président de l’Agglo Seine-Eure ©Sly&SamuelBoquillon

Comment la modification du SRADDET va-t-elle impacter votre intercommunalité sur le volet logistique ?   

Bernard Leroy : Le dynamisme de l’Agglo Seine-Eure, premier pôle économique de l’Eure, est fondé sur notre puissance industrielle et fait notre force en matière de développement, de création d’emplois et d’insertion professionnelle. La modification du SRADDET va renforcer l’attractivité économique de Seine-Eure et participer ainsi à la dynamique de l’axe Seine. 

L’objectif est de décarboner notre industrie, nos logements, nos déplacements, nos loisirs, de produire de l’énergie verte, et c’est notre vision d’une production responsable. Sur l’axe logistique, et pour diminuer le nombre de véhicules sur les routes, nous souhaitons la création de deux ports fluviaux ; le premier à Alizay et le deuxième, intégré dans un pôle « logistique du futur » au Val d’Hazey. Ils permettront de créer une logistique territoriale tri modal : via les eaux, le fer, et les routes. 

En parallèle, nous mettons en place une stratégie foncière depuis 2001 afin de permettre l’accueil d’entreprises, et notamment des entreprises industrielles. Des Ecoparcs, véritables pépinières d’entreprises, ont été créés et ont permis d’accueillir de la logistique industrielle nécessaire au développement de l’industrie et des emplois. Dans le cadre de notre stratégie de développement économique, nous travaillons sur la densification des espaces dédiés à la logistique industrielle, la limitation des impacts liés aux activités, l’intégration architecturale et paysagère des bâtiments afin de permettre l’accueil d’une logistique durable et décarbonée. Nous sommes régulièrement en contact avec des industriels pour définir au mieux leurs besoins en logistique. C’est un dialogue permanent qui nous pousse à rechercher la performance sur tous les aspects. 


Vironvay Ecoparc 2
Vironvay Ecoparc 2 ©Agglo Seine-Eure

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?  

Bernard Leroy : Prenons le port fluvial du Val d’Hazey. Il respectera notre logique de décarbonation et notre volonté d’un développement sobre. Produire, oui, mais produire bien ! Nous réhabilitons depuis plusieurs années d’anciennes friches industrielles comme la friche CINRAM devenu un pôle 4.0 dédié à l’innovation et au tourisme MICE et la friche Bonna-Sable qui accueillera prochainement une nouvelle structure du groupe Hermès. Porté dans le cadre du CPIER, contrat de plan avec l’aide de l’État et la région Normandie, le parc logistique multimodal, dont nous accompagnons et favorisons la création, nous permettra d’installer des entreprises de production et de logistique réduisant ainsi le nombre de camion sur les routes.   

 


De quelle manière votre intercommunalité a-t-elle été impliquée dans la modification du SRADDET ?  

Bernard Leroy : De façon très simple et très directe. Nous sommes une personne publique nous sommes donc naturellement associés dans le cadre de la modification, nous participons notamment à des ateliers de concertation avec les autres établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) de Normandie. Nous avons tous le même objectif de décarbonation de l’industrie et la même ambition de « Zéro Artificialisation Nette », (ZAN) et c’est un bon point de départ. Nous souhaitons protéger nos ressources et ce partenariat stratégique industriel et logistique fonctionne très bien entre toutes les parties prenantes 

Comment travaillez-vous avec les autres intercommunalités pour mettre en place ces modifications ?  

Bernard Leroy : La loi dite Climat et Résilience adoptée en 2021 a institué le cadre législatif relatif à la lutte contre le dérèglement climatique en posant des objectifs nationaux en matière de réduction de la consommation foncière, notamment le ZAN à l’horizon 2050. Dans une période de 10 ans (2021-2030), il conviendra de diminuer par deux le rythme d’artificialisation des sols par rapport à la consommation réelle observée au cours des dix années précédentes. La réduction de l’artificialisation des sols devra ensuite se poursuivre jusqu’à atteindre l’objectif de ZAN en 2050. La route est tracée, l’objectif est clair. 

Nous avons un intérêt commun et nous devons en tant que collectivité tout mettre en œuvre pour atteindre les objectifs et protéger nos ressources. Les relations de travail sont facilitées par les services de l’État, la délégation interministérielle, le CEREMA, la DREAL, l’agence d’urbanisme de Rouen, et les chambres des métiers. On a des points réguliers avec les autres EPCI pour mettre en place ces modifications. Et puis l’agglo est membre depuis le 12 février 2024 de la commission régionale du ZAN. En cette qualité elle représente les SCOT de l’Eure pour arbitrer les projets d’intérêt régionaux.  

 

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